Alexandre Letenneur
Directeur Général Quaternaire
Alors que nos athlètes sont déjà à pied d’œuvre pour décrocher les médailles aux JO 2024, nous tous dirigeants sommes en ordre de marche pour poursuivre la transformation de nos entreprises, et déployer le management qui nous fera réussir dans 5 ans.
5 ans… à la fois loin… et tout près quand on sait l’ampleur et la vitesse du mouvement qui nous entoure.
Une jungle de recettes et statistiques
Vouloir anticiper est une chose, savoir les orientations à prendre en est une autre. Sondez le net « OK Google, que sera le management en 2024 ? »… vous serez abreuvés de recettes et martingales en tous genres… yoga, massages, télétravail, suppression des chefs, millenials, intrapreneuriat, management start-up, holacratie… Le « marmiton du management » vous déversera en sus une jungle de statistiques pour le moins déroutantes : 78 % des jeunes se disent satisfaits de leur job… et 50 % envisagent d’en changer, 6 % des collaborateurs seraient « engagés », tandis que le burn-out menace 3,2 millions de Français…
La liste des contradictions est longue, l’interprétation des chiffres ouverte. Qui faut-il croire… si ce n’est soi-même ?
Comprendre les forces en présence
Mieux vaut donc s’efforcer de comprendre d’abord ce qui nous entoure pour se forger des convictions. La mutation de notre environnement s’accélère ainsi sous l’action de 3 forces :
• Le digital : « où que tu sois… l’IA donne le La… » Répondant aux e-mails avec une satisfaction supérieure du client, générant 20% de productivité par la maîtrise des paramètres critiques de production, assurant un bien meilleur contrôle qualité vidéo en sortie de chaîne, chattant pour donner des conseils de maquillage avisés, démultipliant les ventes sur le Net par le croisement des données… Digital et intelligence artificielle transforment les business model, bouleversent les organisations du travail et modifient profondément les comportements des consommateurs.
• Les « Zdistes » : ceux qu’on appelle la génération Z sont les as de la recherche d’informations, des pointures de la création de communautés, et le plus souvent concernés par le monde qui les entoure, par les causes qui les dépassent, pour la planète, pour l’égalité hommes/femmes… Mais ils se caractérisent aussi par leur instantanéité addictive, qui se heurte aux lenteurs de nos circuits et la lourdeur de nos tâches inutiles, créatrices de frustration dans le travail quotidien comme dans l’évolution de carrière. La recherche permanente du mieux, le référentiel des vies sur papier glacé des réseaux sociaux, rendent la « Real Life » souvent terne, en particulier celle qu’ils pourraient vivre dans nos entreprises.
Mais prenons avant tout conscience que cette génération Z n’est qu’une version « pure » de ce que nous sommes tous devenus, qu’elle reflète à merveille ce que toute la société, et donc nos collaborateurs, sont plus ou moins devenus… Nous sommes tous « Zdistes » ! Il n’y a donc pas de sujet génération Z mais réellement une évolution majeure de toutes les générations.
• Un marché hypra dynamique, marqué par une croissance qui dure (touchons du bois quand même…). Nos entreprises sont lancées dans une course à l’innovation permanente, pour une satisfaction toujours plus fine du client, et pour créer de la valeur par de nouveaux produits et services. Enfin, dans ce contexte où les « Zdistes », que sont nos clients, ont accès à toutes les comparaisons possibles presque immédiatement, l’exigence de performance économique ne fait pas vraiment relâche…
Une Économie de l’Expérience et de la Compétence
Dans ces conditions, notre économie devient l’économie de l’expérience et de la compétence.
La dynamique du marché et l’augmentation de l’exigence des Zdistes ont créé une pénurie de ressources et compétences sans précédent (pour 59% des dirigeants de PME, les difficultés de recrutement constituent le 1er frein au développement de leur activité selon les Echos). L’attractivité et la capacité à fidéliser les collaborateurs sont devenues un facteur incontournable de réussite.
De même, l’exigence de performance économique et d’innovation nécessite une motivation dopée des collaborateurs; celle-ci repose en grande partie sur la qualité de l’expérience vécue par chacun dans son métier et dans l’entreprise.
Meilleure sera l’expérience quotidienne, meilleur sera l’engagement, meilleure sera la fidélité, meilleure sera la recommandation de l’entreprise en tant qu’employeur ; l’expérience vécue du collaborateur est désormais tout aussi critique que celle du client.
En matière de compétence, le digital a créé le plus grand choc de l’histoire; la machine bat déjà l’Homme dans de nombreux compartiments de jeu… lecture de radiographie, montage d’un dossier de crédit, contrôle qualité sur ligne, ciblage marketing…
Libéré de certaines tâches, l’Homme devra développer la compétence pour en intégrer d’autres, au moins aussi critiques : utilisation des outils, décisions accompagnées par la machine, écoute du client, recherche des améliorations, développement du service…
Quant au manager, il est libéré des reportings, des contrôles, des normes, de la planification, …et peut se focaliser davantage sur la montée en compétence de ses équipes, les décisions que la machine ne peut pas prendre pour lui ; et ce qui exige le plus de compétences humaines : jugement personnel, réflexion, interprétation, créativité, innovation, terrain, responsabilité, bon sens…
La révolution digitale est donc avant tout la révolution du rôle de l’homme
Quelques statistiques viennent donner le vertige sur la vitesse et l’ampleur de la révolution… 5 ans serait la durée de vie utile d’une compétence contre 30 ans en 1987 ; 6 travailleurs sur 10 n’auraient pas les compétences de base pour affronter l’arrivée du digital ; 87% des dirigeants disent qu’ils n’ont pas les compétences en interne pour rester compétitifs dans le digital.
La compétence est bien devenue l’un des paramètres clés de l’économie !
Aubaine… cette compétence qui est stratégique pour l’entreprise est aussi un facteur clé de motivation des Zdistes. à 37%, les jeunes attendent de nous la transmission des compétences.
2024… Exploiter le potentiel du digital… et prendre ses impacts à bras le corps
Notre management 2024 sera « 100% connecté » pour exploiter tous les potentiels à valeur ajoutée du digital, mais aussi pour s’adapter et accompagner ses propres impacts.
Connecté à ses équipes sur le TERRAIN
Vigilant face aux tendances, croyances… le manager connecté écoute avant tout ses troupes, avant les dogmes et recettes du net, évitant de servir du Yoga à des collaborateurs qui recherchent de l’audace, de l’initiative, de la reconnaissance, évitant de supprimer l’autorité quand les collaborateurs en demandent plus, s’efforçant de traiter les problèmes du quotidien.
Le temps libéré par l’IA est une véritable opportunité de passer plus de temps sur le terrain auprès des équipes, moyennant de bien le réinvestir au bon endroit.
Cette écoute et cette présence seront déterminantes dans l’expérience vécue des collaborateurs.
Connecté à la COMPETENCE
Intégrons que c’est le défi majeur de l’ère à venir, et un facteur clé de motivation des collaborateurs.
Nous ne pouvons pas envisager quelque transformation digitale que ce soit sans s’interroger en permanence sur la façon de faire évoluer compétences et métiers.
En se rappelant que le digital bouleverse la répartition des tâches entre managers et collaborateurs, et donc qu’un accompagnement profond des deux populations est nécessaire.
Connecté à la PERFORMANCE
Le digital est un véritable levier de simplification, à intégrer comme un véritable outil du Lean. Mais l’usine performante restera celle qui fait de la performance économique, clients, et sociale, et non celle qui sera la plus 4.0. Collecter de la data sans l’exploiter pour améliorer le TRS, la qualité clients, l’action commerciale ne sert à rien. Et ces améliorations passeront inévitablement par une action des Hommes.
Une transformation digitale réussie est une transformation qui se traduit par un gain sur ce qui était clé dans l’amélioration de la performance ; le Management 100% Connecté se demande ce qu’il veut améliorer avant de digitaliser !
Connecté au CLIENT
Se connecter au client, c’est se concentrer sur ce qui est déterminant dans la satisfaction et que l’IA ne pourra faire pour nous. L’IA n’incarne pas encore la prise de responsabilités, facteur clé de la confiance client, pas plus le discernement…et encore moins la chaleur.
Si l’IA devient petit à petit bien meilleure que le process, travaillons la « chaleur ajoutée » avant qu’elle ne nous dépasse aussi sur ce plan.
Et la mission du management, sera de faire émerger chez les collaborateurs cette « chaleur ajoutée » pour le client.
Connecté au MONDE
Bien plus qu’un simple lieu de travail, l’entreprise a endossé un rôle de pilier social concentrant de nombreuses attentes. Plus que jamais, les organisations sont attendues sur ce terrain : contribuer à rendre notre société meilleure… Nos collaborateurs nous attendront là-dessus, c’est un fait.
Poursuivons donc ensemble les chantiers déjà engagés pour un futur collectif plus enviable…